Longtemps, les femmes d’artisans ont œuvré dans l’ombre, sans véritable reconnaissance, ni protection sociale. Véritables bras droits au quotidien pour leur conjoint, elles assument autant de stress que ceux-ci et doivent également souvent sacrifier leur vie personnelle.
Que représente aujourd’hui le profil des femmes d’artisans en France ? Quels sont les types de missions qui lui sont associés ? Quelles sont les dispositions juridiques en place sur la question ? Focus sur une facette importante de
l’artisanat au féminin.
Les femmes d’artisans, une part non négligeable de l’artisanat féminin
Les femmes d’artisans jouent un rôle important dans les entreprises artisanales et participent activement à leur développement. Dans le secteur des artisans du bâtiment par exemple, 60% des conjoints s’investissent au quotidien au sein de l’entreprise. Si l’artisanat du bâtiment compte environ 230 000 chefs d’entreprise (hors auto-entrepreneurs), et qu’au moins une femme d’artisan sur deux travaille avec son époux ou son compagnon, elles seraient donc à peu près 115 000 en France aujourd’hui.
Plusieurs tâches et fonctions pour un métier à part entière
Secrétaire, assistante commerciale, gestionnaire, comptable… Les femmes d’artisans assument souvent de nombreuses fonctions sans nécessairement que leur soit attribué de poste officiel. Elles sont très nombreuses à prendre part activement à la réussite de l’entreprise de leur conjoint et souvent dès la création de celle-ci. Avec le régime de la micro-entreprise, il est plus facile de s’installer et le jeune artisan demande encore bien souvent à sa femme de l’aider sans pour autant définir précisément son champ d’intervention, ni son statut au sein de l’entreprise. Elles sont ainsi nombreuses à s’investir rapidement, à temps complet ou à temps partiel, auprès de leur conjoint en prenant la plupart du temps en charge les tâches administratives et la comptabilité de l’entreprise. Certaines d’entre elles sont également mobilisées pour la gestion du personnel ou pour l’organisation des réponses de l’entreprises aux appels d’offres des marchés publics.
Artisanat féminin ; 3 statuts possibles pour les femmes d’artisans
Depuis le vote de la loi n° 2005-882 du 02 août 2005, et plus encore depuis le renforcement de celle-ci par la loi Pacte en 2019, les femmes d’artisans, comme tout conjoint participant activement à l’entreprise familiale, doivent désormais choisir un statut officiel parmi trois possibles : conjoint collaborateur, conjoint salarié, conjoint d’artisan.
À travers le choix de ce statut officiel, les femmes d’artisans gagnent ainsi non seulement en reconnaissance mais également en protection sociale.
En fonction du statut et de la structure juridique de l’entreprise familiale, en fonction du niveau d’implication de la femme d’artisan dans l’entreprise et de ses souhaits personnels, le statut à privilégier (conjoint collaborateur, conjoint associé, conjoint salarié) ne sera pas le même et ne donnera pas droit au même niveau de protection juridique et sociale.
À noter que depuis l’application de la loi n°2005-882 du 02 août 2005, toute femme d’artisan travaillant régulièrement dans l’entreprise sans avoir déclarer de statut est en situation de travail dissimulé et peut par conséquent être sanctionnée pénalement.